Le tour de Londres en 80 jours
En ces temps d’incertitude, j’ai besoin d’une ligne de vie, d’un horizon ; j’ai donc — de façon quelque peu arbitraire, je l’admets — fixé une date. Le 1er avril sera mon horizon ; et ma ligne de vie, les 80 jours qui m’en séparent.
Et comme le temps n’est pas aux tours du monde, je vous propose un « Tour de Londres en 80 jours » : Quatre-vingt impressions de Londres, quatre-vingt histoires, lieux, pensées issu(e)s de mon expérience de cette ville formidable et affolante.
Jour 43 : Curry
Croyez-le ou non, quand on demande à un groupe de britanniques quel est le plat national, ils s’écrient tous en cœur : “Poulet Tikka Masala !” Les “Fish & Chips” n’arrivent qu’en seconde place, ou même en troisième après les Bangers & Mash.
Et pour cause : le curry est plus qu’un simple plat : c’est un concept, un événement, un moment sacré. Qu’il pleuve ou qu’il vente, l’hiver ou l’été, pour faire la fête ou se remonter le moral, c’est vers un curry bien chaud que les Anglais se tournent. Moi qui ne suis pas d’ici, j’ai mis quelques années à vraiment intégrer cette tradition tellement britannique.
“Curry night” s’organise en général le vendredi, comme une récompense de fin de semaine. En famille ou entre amis, on ne s’y refuse rien : curry bien en sauce avec des naan ET du riz. Et bien sûr les poppadoms qui croustillent sous la langue et qui nous rendent moins longue l’attente du plat principal. C’est la fête, on boit, on rigole, on partage ; on se régale, on refait le monde jusqu’à la fermeture des lieux —puis on rentre, heureux, en titubant un peu.
Et quand on n’a pas envie de sortir, c’est en take-away qu’on poursuit la tradition. On se terre bien au chaud chez soi avec ceux qu’on aime et on se fait livrer un peu d’exotisme. Un exotisme relatif, il est vrai : il paraît que ce fameux tikka masala fût en fait inventé pour nos papilles d’occidentaux débutants qui trouvaient les véritables currys trop piquants.
