Le tour de Londres en 80 jours
En ces temps d’incertitude, j’ai besoin d’une ligne de vie, d’un horizon ; j’ai donc — de façon quelque peu arbitraire, je l’admets — fixé une date. Le 1er avril sera mon horizon ; et ma ligne de vie, les 80 jours qui m’en séparent.
Et comme le temps n’est pas aux tours du monde, je vous propose un « Tour de Londres en 80 jours » : Quatre-vingt impressions de Londres, quatre-vingt histoires, lieux, pensées issu(e)s de mon expérience de cette ville formidable et affolante.
Jour 14 : Palm Tree
J’ai une histoire compliquée avec Londres. Une histoire en phases : la découverte initiale, la séduction, la passion, le grand saut, la déception, la seconde chance. Pendant des années, j’y venais chaque fois que je pouvais, pour un weekend, une semaine ; je logeais dans des auberges de jeunesse bon marché, je sortais, je rencontrais, je découvrais; puis en 2013, je suis venue m’y installer pour la première fois.
Au début, je vivais dans une chambre (glaciale) à Mile End, dans l’Est de la ville. En faisant mon jogging dans le parc du coin, un bar avait piqué ma curiosité. Mais comme je ne vais en général pas seule dans les parcs la nuit tombée, je ne l’avais vu qu’en journée quand il était fermé. J’ai donc sauté sur la première occasion —la visite d’un ami Bruxellois— pour proposer une excursion.
La vision était comme d’un autre monde. Dans le parc sombre, une seule lumière brillait à l’horizon. En s’approchant, nous entendîmes des sons, de la musique et des éclats de voix. Puis finalement, entre deux arbres, le pub est apparu. Quelques clients, en beaux chapeaux et costumes classes, fumaient à l’extérieur en discutant. A l’intérieur, il semblait y avoir une soirée dansante, genre bal folk.
J’avais l’impression d’être dans un film, où l’on aurait découvert un bar oublié, un bar fantôme qui s’animerait secrètement la nuit, pour des esprits oubliés venus d’une autre époque.
La réalité était, bien sûr, beaucoup moins passionnante : nous étions venus un soir particulier, où il y avait une soirée costumée. La soirée s’est poursuivie agréablement ; nous avons bu un coup, discuté avec les habitués… mais dans mon esprit, le Palm Tree restera pour toujours ce bar enchanté vu de loin dans la nuit.