Jour 1/80 — Trafalgar Square

Le tour de Londres en 80 jours

Nous sommes le 11 janvier. Dans exactement 80 jours, nous serons en avril. En ces temps d’incertitude, j’ai besoin d’une ligne de vie, d’un horizon; j’ai donc — de façon quelque peu arbitraire, je l’admets — fixé une date. Le 1er avril sera mon horizon; et ma ligne de vie, ces 80 jours.

Et comme le temps n’est pas aux tours du monde, je vous propose un « Tour de Londres en 80 jours » : Quatre-vingt impressions de Londres, quatre-vingt histoires, lieux, pensées issu(e)s de mon expérience de cette ville formidable et affolante.

Jour 1 : Trafalgar Square

Novembre 2018. Je quitte la Galerie Nationale un peu tard (elle reste ouverte jusqu’à 21h le vendredi, et j’en profite autant que possible — après tout, j’ai un examen à préparer). Je sors et m’engage d’un bon pas sur la place, histoire de ne pas trop sentir le froid entre le musée et le métro. Mais je m’arrête après quelques pas : le spectacle est irrésistible.

Un homme est installé face à la galerie, avec un beau micro rétro. Il porte un costume trois pièces. Un peu hors saison peut-être, mais très élégant. De toute façon, il n’a pas l’air d’avoir froid. Seul, sur la place qui se vide, il chante. Pleinement, avec passion, comme s’il chantait pour un large public. Il chante, il frappe dans ses mains, il danse, il sourit. Je connais sa chanson; tout le monde la connaît : Happy, de Pharrell Williams.

Je réalise que je ne suis plus seule. D’autres, comme moi, ont été arrêtés dans leur élan. Les croisées de chemin d’inconnus impatients ont fait place à une petite assemblée d’auditeurs. Fonctionnaires épuisés, étudiants éméchés, touristes amusés : un curieux mélange rassemblé par cette chanson, ce lieu, cet instant.

Sur le côté, je vois un sans-abri, et je me demande ce qu’il pense de la scène. Cette assemblée de gens aisés, bourgeois peut-être, qui dansent timidement au son de Happy avant de retrouver leurs maisons chaleureuses, leurs vies confortables : une vision qui pourrait bien l’énerver, ou du moins lui poser problème. Une bouteille à la main, il est clairement saoul, ce qui n’est pas pour arranger les choses.

Soudain il crie :

« Yeah ! Be happy ! Clap along ! Yeah ! ». Son enthousiasme est évident.

La chanson s’achève. Le groupe se disperse.

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