Le tour de Londres en 80 jours
En ces temps d’incertitude, j’ai besoin d’une ligne de vie, d’un horizon ; j’ai donc — de façon quelque peu arbitraire, je l’admets — fixé une date. Le 1er avril sera mon horizon ; et ma ligne de vie, les 80 jours qui m’en séparent.
Et comme le temps n’est pas aux tours du monde, je vous propose un « Tour de Londres en 80 jours » : Quatre-vingt impressions de Londres, quatre-vingt histoires, lieux, pensées issu(e)s de mon expérience de cette ville formidable et affolante.
Jour 33 : « Lock-in »
1h du mat’ dans le sud-est de Londres. Un « lock-in » tardif dans un Irish pub authentique. Dans le fond, quelques gars jouent au billard en riant bruyamment. Je suis assise au bar avec les habitués. Je n’ai jamais mis les pieds ici avant le concert de ce soir, mais ils semblent m’avoir adoptée. Quelques tours de magie et un goût pour la Guinness mènent à tout. Il est 1h du mat’ et je suis heureuse. On dirait que la moitié des clients ici sont irlandais. Une bande sympathique qui discute et fait des blagues. Soudain, l’un d’entre eux décroche une guitare qui pendait au mur et commence à jouer. Il chante très bien —pas ses amis, mais ça ne les empêche pas de se joindre à lui. Je ne connais pas les chansons mais je ressors mon saxophone pour jammer avec eux. Tout ceci semble tellement authentique, même si je n’ai jamais été en Irlande. Des hommes un peu saouls qui chantent de tout leur coeur les airs anciens de leur pays lointain. L’un d’eux commence à danser comme un fou ; ses amis se précipitent pour ôter les tables et les chaises : ils connaissent la chanson.
Il est 2h du mat’ à présent, l’heure du whiskey (avec un « e » ou ils se fâchent !). Le patron paye une tournée, puis une autre. La guitare a changé de mains quelques fois et ce sont des chansons beaucoup plus calmes qui nous rassemblent maintenant. Le feu crépite dans un coin de la pièce, nous sommes comme des ados qui profitent de l’infini de la nuit. Ce n’est pas un pub ordinaire, c’est un mélange parfait. Une belle expression du melting pot londonien. Un pub irlandais qui se vante de sa cuisine Thaï, où Britanniques et Irlandais jamment avec A Mad Belgian.
Jennifer dont on a coupé les ailes s’évade par l’écriture d’où émergent ses plus jolis souvenirs.
Mais, un soir ou l’autre, elle retrouvera son pub irlandais, son atmosphère chaleureuse et ses habitués qu’elle adopte et qui l’adoptent en un clin d’œil.