Le tour de Londres en 80 jours
En ces temps d’incertitude, j’ai besoin d’une ligne de vie, d’un horizon ; j’ai donc — de façon quelque peu arbitraire, je l’admets — fixé une date. Le 1er avril sera mon horizon ; et ma ligne de vie, les 80 jours qui m’en séparent.
Et comme le temps n’est pas aux tours du monde, je vous propose un « Tour de Londres en 80 jours » : Quatre-vingts impressions de Londres, quatre-vingt histoires, lieux, pensées issu(e)s de mon expérience de cette ville formidable et affolante.
Jour 80 : Sir Ian McKellen
Il y a un peu plus d’un an, j’ai été voir Sir Ian McKellen au théâtre. Un seul en scène varié, émouvant, magnifique, qu’il avait mis au point l’année de ses 80 ans. Son idée : jouer dans 80 théâtres aux quatre coins du Royaume pour fêter cet anniversaire particulier.
Le spectacle fut un tel succès qu’à l’issue de cette tournée, il fut accueilli pour 80 dates supplémentaires au Harold Pinter Theatre à Londres. J’étais à l’avant-dernière représentation.
Pendant presque deux heures, j’ai vu ce grand acteur passer d’un rôle à l’autre avec humour et souplesse, tout en nous parlant, à tous et à chacun, de sa vie, de la vie. 80 ans et tellement d’énergie, de force de vie, de douceur, d’optimisme, de passion. Il parlait de rencontres, de questions existentielles, de rêves, d’amitié ; de Gandalf à Shakespeare, il rejouait sa carrière, y incluant l’une ou l’autre surprise.
Depuis ma place presque lointaine, au balcon, je goûtais chaque seconde de ce moment précieux.
Puis il a fallu se quitter. Le rideau est tombé.
Seule, j’ai quitté le théâtre, le sourire aux lèvres, la tête dans les nuages.
Je me sentais envahie d’un sentiment de paix infinie. Tous mes soucis sur le monde et sur l’avenir avaient disparu. À la place, une évidence : en fin de compte, tout va bien se passer. Un jour, tout prendra son sens.
