Le tour de Londres en 80 jours
En ces temps d’incertitude, j’ai besoin d’une ligne de vie, d’un horizon ; j’ai donc — de façon quelque peu arbitraire, je l’admets — fixé une date. Le 1er avril sera mon horizon ; et ma ligne de vie, les 80 jours qui m’en séparent.
Et comme le temps n’est pas aux tours du monde, je vous propose un « Tour de Londres en 80 jours » : Quatre-vingt impressions de Londres, quatre-vingt histoires, lieux, pensées issu(e)s de mon expérience de cette ville formidable et affolante.
Jour 51: Piano
De retour de Bruxelles. Je marche d’un bon pas à travers la gare St Pancras : je veux rentrer chez moi au plus tôt. Mais après quelques pas seulement, je suis arrêtée dans mon élan par un fêtard à la langue bien pendue. Dans sa main, une bouteille de pétillant et des flutes en plastique. Il m’offre un verre : “Vous voulez vous joindre à nous ? On célèbre l’arrivée de vendredi soir !”. Amusée et intriguée, je dis oui et je le suis quelques pas vers le petit groupe assemblé près du piano public.
Un vieil homme joue non-stop, morceau après morceau, animant furieusement la soirée. Il joue du ragtime, des classiques de grandes comédies musicales et même quelques requêtes du public. Enfin, il décide de prendre une pause : “Qui veut prendre mon relais ?”
Une femme à côté de moi relève le défi, non sans prévenir “Je ne joue pas du tout aussi bien que vous”. D’un seul homme, le groupe répond que ce n’est pas grave : nous apprécierons la musique de toute façon. Elle commence à jouer une mélodie de musique classique, très jolie. Autour du piano, les gens font connaissance. Il s’avère que personne ne se connaît, c’est une rencontre spontanée. Aucun d’entre nous ne planifiait de s’arrêter ici, et nous ne nous serions pas arrêté si cet homme, Lee, n’avait pas entendu un pianiste et décidé d’aller acheter du pétillant pour commencer une fête.
