Jour 35/80 — Ascenseur musical

Le tour de Londres en 80 jours

En ces temps d’incertitude, j’ai besoin d’une ligne de vie, d’un horizon ; j’ai donc — de façon quelque peu arbitraire, je l’admets — fixé une date. Le 1er avril sera mon horizon ; et ma ligne de vie, les 80 jours qui m’en séparent.

Et comme le temps n’est pas aux tours du monde, je vous propose un « Tour de Londres en 80 jours » : Quatre-vingt impressions de Londres, quatre-vingt histoires, lieux, pensées issu(e)s de mon expérience de cette ville formidable et affolante.

Jour 35 : Ascenseur musical

Au sud de Waterloo Bridge, il y a le Théâtre National. À l’ouest du Théâtre National, il y a le BFI. Et à côté du BFI, il y a le Royal Festival Hall. Un bâtiment immense et compliqué qui reste jusqu’à ce jour un mystère pour moi. Salle de concert, bibliothèque, studio de danse, bar, librairie, café, musée, restaurant, marché,… le Royal Festival Hall est le couteau suisse des bâtiments publics. Ouvert en 1951 à l’occasion du Festival de Grande-Bretagne, c’est un lieu ouvert, rassembleur, qui offre à tous ceux qui y passent un fauteuil où se reposer, une table pour écrire, du calme pour réfléchir.

Au début, je n’aimais pas trop le Royal Festival Hall. Trop grand, trop impersonnel, trop confus : était-ce un théâtre ? un complexe HORECA ? une maison de quartier ? Ce manque de clarté m’insécurisait. Puis, au fil du temps, j’ai commencé à en percevoir le charme : un lieu inclassable, un ornithorynque architectural, c’est au contraire typiquement le genre d’endroit où je devrais me sentir bien ! Je me suis mise à explorer les lieux, à venir plus souvent, à apprécier le lieu à sa juste valeur. J’ai profité du luxe incroyable que c’est d’avoir un endroit confortable où s’asseoir pour lire ou travailler sans forcément devoir consommer. Et un jour, j’ai pris l’ascenseur.

Pas l’ascenseur gris, petit, qui se trouve près de l’entrée mais l’autre, le bel ascenseur transparent qui se trouve à l’arrière du bâtiment, l’ascenseur sur lequel on tombe par hasard un jour en explorant les couloirs. J’y suis entrée et j’ai poussé le bouton. L’ascenseur s’est mis en route et avec lui, une chorale ! Je n’en croyais pas mes oreilles : un mélange de voix accompagnait mon trajet, chantant des notes de plus en plus aigües jusqu’à ne laisser qu’une soprano, seule sans doute à pouvoir chanter si haut. “Sixième étaaaaage” m’a-t-elle annoncé fièrement d’une voix suraigüe. J’ai tellement ri que j’en ai oublié ce que je voulais faire là. Je suis donc redescendue, accompagnée de voix de plus en plus graves qui laissèrent la place à un baryton solitaire. “Premier étaaaage”.

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