Jour 8/80 — Douze Hommes en Colère

Le tour de Londres en 80 jours

En ces temps d’incertitude, j’ai besoin d’une ligne de vie, d’un horizon ; j’ai donc — de façon quelque peu arbitraire, je l’admets — fixé une date. Le 1er avril sera mon horizon ; et ma ligne de vie, les 80 jours qui m’en séparent.

Et comme le temps n’est pas aux tours du monde, je vous propose un « Tour de Londres en 80 jours » : Quatre-vingt impressions de Londres, quatre-vingt histoires, lieux, pensées issu(e)s de mon expérience de cette ville formidable et affolante.

Jour 8 : Douze Hommes en Colère

Juré 1 : « Coupable ». Juré 2 : « Coupable ». Juré 3 : « Coupable ». Juré 4 : « Coupable ». Juré 5 : « Coupable ». Juré 6 : « Coupable ». Juré 7 : « Coupable ». Juré 8 : « Non coupable« . Juré 9 : « Coupable ». Juré 10 : « Coupable ». Juré 11 : « Coupable ». Juré 12 : « Coupable ».

Je suis au Garrick Theatre, un théâtre de Charing Cross Road. Nous sommes en 2013, je suis sans le sous et solitaire à Londres et j’ai décidé de m’offrir une soirée au théâtre. J’ai un ticket « à vue restreinte » (moins cher), mais Douze Hommes en Colère n’est pas vraiment une pièce (ni un film) d’action, donc je devrais tout de même arriver à suivre.

J’ai vu le film il y a quelques années à un cinéma en plein air improvisé en France. Je connais donc l’histoire : pas de surprises à l’horizon. Et pourtant…

La salle s’assombrit, le rideau s’ouvre :

JUGE : « Meurtre au premier degré, avec préméditation, telle est l’accusation. Messieurs les jurés, vous venez d’assister pendant cinq jours au déroulement d’une affaire longue et difficile. Vous avez maintenant le devoir de vous faire une opinion en séparant les faits des hypothèses. Votre verdict doit être unanime. Un homme est mort. La vie d’un autre est en jeu. »

Le jury se retire et commence à débattre. Ils votent. Ils argumentent. Ils se disputent. Comme la première fois, je suis complètement prise par l’histoire qui se déroule devant mes yeux. Sur le bord de mon siège, je croise les doigts pour que tel ou tel personnage change d’avis, dise autre chose, se calme. Le théâtre, la vue restreinte, tout ça n’existe plus : je suis dans la salle de délibération avec le jury, et je débats et réfléchis avec eux.

Deux heures plus tard, la pièce se termine. Épuisée, je regarde la scène, vide à présent. Le public se lève et commence à partir, mais je reste assise un moment, à savourer ce moment de théâtre remarquable.

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