Le tour de Londres en 80 jours
En ces temps d’incertitude, j’ai besoin d’une ligne de vie, d’un horizon ; j’ai donc — de façon quelque peu arbitraire, je l’admets — fixé une date. Le 1er avril sera mon horizon ; et ma ligne de vie, les 80 jours qui m’en séparent.
Et comme le temps n’est pas aux tours du monde, je vous propose un « Tour de Londres en 80 jours » : Quatre-vingt impressions de Londres, quatre-vingt histoires, lieux, pensées issu(e)s de mon expérience de cette ville formidable et affolante.
Jour 39 : Métro
6h30 du matin. Quatre métros sont déjà passés. Dedans, des centaines de navetteurs compressés : ils en tombent presque sur le quai à l’ouverture des portes. Au cinquième passage, j’arrive à me faufiler. C’est tout un art, d’arriver à monter dans un métro londonien le matin. Un mélange subtil de fermeté (“non, vous ne passerez pas devant moi”) et de politesse (“mais passez tout de même une bonne journée”) ; le tout dans le regard : pas le temps de parler.
Je regarde les gens autour de moi. J’aime bien observer les gens ; je trouve ça important. L’espace d’un instant, j’essaie d’imaginer leurs vies. Parfois, je croise le regard d’un autre distrait —une complicité éphémère dans un monde de téléphones portables. Aujourd’hui, c’est un gars en bonnet à pompon qui me sourit.
Victoria : fin de la rêverie. Je marche d’un bon pas dans l’infini dédale de couloirs qui me mènent à la sortie puis vers la Gare de Bus. À mi-chemin, je me rends compte que le pompon est là aussi. On va peut-être au même endroit ? Non, il bifurque et entre dans la gare de trains. Je continue mon chemin le long du bâtiment. Et le revoilà ! Il n’a fait que traverser la gare. Nous sommes presque à la même hauteur maintenant, chacun sur son trottoir. A-t-il remarqué?
Enfin, j’arrive à ma destination. Je jette un dernier regard de l’autre côté de la rue. Il est toujours là. Il me regarde et me fait un grand signe de la main.
