Le tour de Londres en 80 jours
En ces temps d’incertitude, j’ai besoin d’une ligne de vie, d’un horizon ; j’ai donc — de façon quelque peu arbitraire, je l’admets — fixé une date. Le 1er avril sera mon horizon ; et ma ligne de vie, les 80 jours qui m’en séparent.
Et comme le temps n’est pas aux tours du monde, je vous propose un « Tour de Londres en 80 jours » : Quatre-vingt impressions de Londres, quatre-vingt histoires, lieux, pensées issu(e)s de mon expérience de cette ville formidable et affolante.
Jour 25 : Course à pied
Je cours, je cours, je ne vais pas très vite. Je cours pour le plaisir, j’aime la rythmique des pas. Sous mes pieds défilent les trottoirs de la ville.
Je cours, je cours, lentement mais sûrement. J’arrive à Regent’s Park, le parc du Prince régent : régal, grandiose, civilisé, central.
Je cours, je cours, dans cet espace ouvert. Je me sens presque grande, je me sens légère ; je me sens libre ; je cours, je vole, à travers les différents coins du parc, ses différents espaces.
Je cours autour du théâtre en plein air puis au bord de l’eau ; je passe à côté de la mosquée et remonte vers le zoo. Je cours et je saute, les cheveux dans le vent. 2013, à Regent’s Park ; j’ai 25 ans.
Je pense à ma mère. Elle vivait ici aussi, courait dans ce parc, il y a quatre décennies. Elle avait 30 ans à peine et me voici là, mes pas dans ses pas. Mais ça n’a qu’un temps, même si ça fait du bien. Je sais que plus tard j’inventerai mon propre chemin.
Je m’arrête au café pour reprendre mon souffle. Double expresso, et c’est reparti. Je cours vers le Sud cette fois, j’ai fini ma boucle ; pourquoi ne pas tracer une nouvelle route ?
Je cours, je cours, de plus en plus vite. C’est grisant de courir à Londres, c’est irrésistible.
Une façon nouvelle de s’approprier les lieux. Je cours vers, j’espère, un avenir lumineux.
Grâce à toi Jennifer je vois ta maman courir à 30 ans dans Régent’s Park, courir sans savoir qu’un jour tu serais là.
Le plus beau, pour toi aussi, sera demain.